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Relations intimes interculturelles: comment ouvrir le dialogue avec ses proches?

Les relations intimes interculturelles peuvent générer des conflits au sein d’une famille. La sexologue Haravena Hervé, qui travaille à Aire ouverte, connaît bien le sujet, et elle encourage chacune des parties à faire preuve de bienveillance et de compréhension envers l’autre.

Q : Quel est le principal défi auquel sont confrontés les jeunes vivant une relation intime interculturelle? 

R : Le mensonge… Certains jeunes ne peuvent pas discuter de leur situation amoureuse avec les membres de leur famille. Ils sentent qu’ils doivent mentir, et ce n’est pas facile à vivre. Parfois, les conséquences de dire la vérité peuvent paraître ou être vraiment grandes, et il n’y a pas de bonnes ni de mauvaises façons d’agir. Comme sexologue, je ne suis pas là pour juger de leurs décisions. Mon rôle est de les accompagner, peu importe leurs choix.  

Q : Pourquoi certains parents n’acceptent-ils pas que leurs enfants fréquentent des personnes issues d’autres communautés culturelles que la leur? 

R : Il n’existe pas une seule réponse à cette question. Étant membre de la communauté noire, je constate qu’il y a beaucoup de traumas chez les plus vieilles générations, et leurs craintes sont légitimes. Bien sûr, les médias alimentent la peur en jouant sur les stéréotypes. De nos jours, ce n’est pas facile de se faire sa propre idée, sans préjugés.

Q : Quelles sont les intentions des parents qui désapprouvent les relations intimes interculturelles? 

R : De manière générale, les parents veulent le bien de leurs enfants. Ils ont envie de les protéger. Pour certains, il est mal vu, autant par la famille que par l’entourage, d’être en couple avec une personne qui ne partage pas sa culture ni sa religion. Donc, il y a aussi les aspects d’honneur et de respect aux yeux des pairs et de la famille. Pour d’autres, les relations amoureuses ne sont pas acceptées avant un certain âge, les études étant prioritaires. Les jeunes, qui rêvent habituellement de liberté, peuvent avoir de la difficulté à comprendre ce désir de protection, et c’est normal. Ils doivent alors essayer de se mettre dans les souliers de leurs proches.

Q : Comment un jeune peut-il ouvrir le dialogue avec ses parents ou sa famille?  

R : Encore une fois, il n’y a pas de réponse unique. Je suggère souvent de lancer la conversation en utilisant l’actualité. Cela permet à l’ado de connaître les opinions de ses proches par rapport à certains sujets. Il peut aussi participer avec les siens à une activité mettant en lumière l’histoire et la culture de son partenaire. Je pense, entre autres, à l’exposition sur les peuples autochtones du Musée McCord Stewart, qui se déroule jusqu’en avril 2024. Il y a également des événements dans le cadre du Mois de l’histoire des Noirs. Ce genre d’activités permet un rapprochement entre les groupes ethniques ou religieux, et ce peut être une occasion de parler et de réfléchir en famille.  

Q : Avez-vous d’autres idées ? 

R : Oui, le jeune pourrait trouver un allié – un ami ou un membre de la famille – pour l’accompagner lors de la discussion. Cela dit, il vaut mieux éviter d’inviter un professionnel du milieu scolaire (ex. : enseignant, travailleur social, psychologue…), parce qu’il y a une notion d’autorité qui entre en jeu. En plus, la plupart des communautés culturelles préfèrent vivre et résoudre leurs problèmes « en famille ».

Q : À qui le jeune peut-il se confier s’il ne trouve pas d’oreilles attentives dans son entourage? 

R : Il est effectivement important de trouver quelqu’un de confiance à qui parler. Le jeune doit éviter de rester seul avec son secret. Il peut, par exemple, s’adresser à un membre du personnel de son école. Il peut aussi se tourner vers des ressources comme Aire ouverte, Tel-Jeunes ou Jeunesse, J’écoute

Vous vivez des difficultés personnelles ou familiales? Contactez l’Accueil psychosocial. Un intervenant vous dirigera en fonction de vos besoins et de votre situation. 

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