Nouvelles du CIUSSS

Apprendre et parler plusieurs langues à la fois : déconstruire les mythes

Français, anglais, arabe, espagnol, italien, créole… De nombreuses familles montréalaises utilisent plus d’une langue, tout particulièrement dans le nord de la ville. Cette réalité soulève des questions chez les parents issus de l’immigration, notamment. Est-ce une bonne idée de parler plusieurs langues à la maison? Cela peut-il causer des problèmes d’apprentissage chez les jeunes enfants? L’orthophoniste Émilie Desforges du programme Stimulation précoce au CIUSSS du Nord-de-l'Île-de-Montréal déconstruit ici quelques mythes tenaces.

Il n’y a pas d’avantage à apprendre plusieurs langues

Faux. Selon certaines études, l’apprentissage de plusieurs langues aurait un effet protecteur sur le cerveau. Cela pourrait contribuer à prévenir le déclin cognitif. Le multilinguisme permet aussi aux gens d’élargir leurs horizons personnels et professionnels.

Les enfants peuvent apprendre plusieurs langues à la fois, parce qu’ils sont des éponges

Vrai… et faux. En bas âge, les enfants se montrent plus sensibles aux sons et à leurs différences. Cela dit, ils ne sont pas nécessairement des « éponges »; ils possèdent chacun leurs forces et leurs défis. À savoir : tout le monde peut apprendre une deuxième langue, peu importe son âge.

Les enfants bilingues maîtrisent leurs deux langues de manière égale

Faux. Tout dépend de l’exposition des enfants à chacune des langues. En plus, leur maîtrise peut être inégale selon le contexte. « Pour combler leurs lacunes, les jeunes peuvent employer des mots de différentes langues dans une même conversation. Cela ne veut pas dire qu’ils sont mêlés. En utilisant ce moyen, ils parviennent à se faire comprendre ou accepter des autres. Il ne faut pas chercher à éliminer ce comportement. C’est un signe d’intelligence », explique la spécialiste.

Le multilinguisme peut causer ou aggraver certains problèmes de langage

Faux. L’apprentissage de plusieurs langues n’est pas la cause des problèmes de langage ni leur solution. « Par exemple, vous concentrer sur le français plutôt que sur l’anglais ou l’espagnol ne va pas faire disparaître les difficultés de vos enfants, s’ils en ont. C’est une fausse bonne idée », affirme Émilie Desforges. Si vous vous posez des questions, demandez à rencontrer un spécialiste du programme Stimulation précoce. Après évaluation, l’intervenant pourra vous prodiguer des conseils adaptés à votre tout-petit.

Les parents immigrants doivent continuer de parler leur langue maternelle avec leurs enfants

Vrai. Les enfants ont besoin de bons modèles pour bien apprendre. C’est pourquoi les parents doivent utiliser la langue avec laquelle ils sont les plus à l’aise. « La langue maternelle, c’est celle du cœur. Vous empêcher de la parler, c’est chasser votre naturel. En plus, la langue maternelle est associée à la transmission de la culture, des racines, des souvenirs… Il serait dommage de l’éliminer de votre vie familiale », conclut l’orthophoniste.

Apprentissage des langues : les 3 règles d’or

  1. Utiliser la langue que vous maîtrisez le mieux avec et devant les enfants.
  2. Limiter l’apprentissage à 3 langues en même temps.
  3. Exposer les enfants à des situations, à des exemples et à des outils variés en misant sur la quantité et la qualité.
 

Vous craignez des retards de développement chez vos tout-petits? N’hésitez pas à consulter l’équipe du programme Stimulation précoce, un service qui s’adresse aux enfants qui ne fréquentent pas la maternelle et qui présentent, entre autres, des indices de troubles du langage ou du spectre de l’autisme. Pour ce faire, communiquez avec le CLSC de votre secteur.

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